L’Ordre des Mots

JEUDI 05 JUIN – 21H00 – UTOPIA TOULOUSE

De Cynthia Arra et Mélissa Arra – France – 2007 – Documentaire – 1h 15 – VOF

Suivi d’une rencontre avec Vincent Guillot, protagoniste du documentaire

Synopsis

Ce film a pour objet de donner la parole à des personnes Trans’ et Intersexe dont la quête d’identité de genre se trouve entravée par des normes établies. Leurs moyens de résistance se situent dans la recherche d’outils de savoir, de corporalités, de sexualités, mais aussi d’identités alternatives en dehors des schémas conventionnels.

Loin du traitement habituel des questions trans’, ce film, par le choix de ses portraits, tous acteurs et précurseurs contemporains du mouvement trans’ et intersexe en France, aborde de front ces questions d’identité de genre en interrogeant non seulement nos normes sociétales trop souvent incontestées mais aussi en analysant la nature de l’oppression et de la répression dont fait l’objet cette communauté.

Fiche technique

Avec : Maud-Yeuse Thomas, Tom Reucher, Vincent Avrons, Vincent He-Say, Carine Boeuf, Vincent Guillot.

Image et réalisation : Cynthia ARRA et Melissa ARRA
Montage : Cynthia ARRA, Melissa ARRA et Justine TRIET
Musique générique de fin : « MANIFESTE », Bande Originale du film EXILS de Tony GATLIF
Mixage : Christophe DOUCET-MIMOUN
Etalonnage : TOGGLE PRODUCTIONS

Revue de presse

Article tiré du site web: http://psykokwak.livejournal.com
et rédigé suite à la Projection de « L’ordre des mots » au festival « Vues d’en face » de Grenoble.

Ce documentaire réalisé par Mélissa et Cynthia Arra (elles sont cousines) questionne profondément notre rapport au discours sur le concept d’identité de genre. Depuis les travaux des gender studies ces notions nous sont devenues plus familières et nous critiquons les « assignations » normatives des discours sur les identités de genre.
L’ordre des mots* présente six témoignages de personnes en quête de reconnaissance d’identité. Six récits qui évoquent les parcours, les souffrances, la lutte militante pour sortir des carcans sociaux-culturels, médicaux qui emprisonnent et qui maintiennent les trans dans des catégories d’une espèce de sous humanité.

C’est l’occasion d’explorer la galaxie de la transexualité, de l’intersexualité, de la transidentité. Chaque témoignage illustre les différences de trajectoires de ces personnes. Si nous connaissons un peu la transition de l’homme vers la femme, trop souvent sous son aspect folklorique et péjoratif** à partir des films*** nous méconnaissons souvent les autres possibilités.

Je me souviens avoir vu il y a quelques années Venus Boyz de la réalisatrice Gabriel Baur qui montre des femmes qui changent de sexe pour devenir des hommes. Il existe, à côté du Male to Female (MtF), le Female to Male (Ftm), le Female to Unknow (FTU),… et même le neutre, rien vers rien …. XXY,
le beau film de l’argentine Lucia Puenzo illustre l’interrogation d’une assignation à un sexe déterminé d’un(e) adolescent(e) intersexuel(le).

Ces interviews indispensables rappellent l’urgence d’une véritable réflexion et prise en compte de la question transgenre. Ils et elles rapportent leur affliction vécue d’abord dans la famille, véritable prison, puis au niveau social, de l’impossible liberté de choix de changement sans passer sous les fourches caudines du pouvoir médical.
Maud déclare je voulais changer d’identité de solitude pour une identité de femme. Devant la scandaleuse bêtise d’une idéologie médicale conservatrice et
psychiatrique nous comprenons les formes d’action quelquefois radicales que prennent leurs actions pour se faire entendre. Aujourd’hui ils continuent de subir l’ostracisme que les gays et lesbiennes ont vécu précédemment.
L’un d’eux déclare qu’il faudra attendre le départ à la retraite de l’urologue expert autoproclamé pour espérer une évolution du discours médical, qui prime sur le discours social et politique. Le documentaire atteste de la violence faite, exercée à l’encontre de la communauté trans. Après la projection un débat en présence de Cynthia Arra et de Vincent He-Say avec la salle a montré la méconnaissance d’un public averti à cette réalité. Méconnaissance du scandale du traitement des transgenre en France. Des spectateurs se sont interrogés sur la présence du B et T dans le sigle LGBT. Comme si la lettre T pouvait paraître superfétatoire. D’où la nécessité d’un tel documentaire. Nous ne sommes plus dans une fiction cinématographique mais dans une réalité que nous côtoyons et que nous avons tendance à dénier. Bravo aux deux réalisatrices pour ce magnifique documentaire et au festival Vues d’en Face pour cette programmation.

* Lire l’article de Lionel Labosse. Egalement l’article de Thomas sur les Hirajs.
** il suffit de taper transexuel (le) dans Google pour voir s’afficher des centaines de liens vers des sites pornographiques.
*** voir ici une liste de films transgenre.