Week-end ACID à la Cinémathèque.

Depuis sa création en 1992, l’ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) défend inlassablement la création cinématographique indépendante, œuvrant pour une meilleure diffusion des productions qui osent sortir des sentiers battus et rebattus. Sa particularité est d’être une association de cinéastes qui soutiennent d’autres cinéastes (chaque cinéaste est parrainé(e) ou marrainé(e) par un(e) autre cinéaste). Autant dire que le regard est aussi précis qu’exigeant. Et, effectivement, c’est le cinéma contemporain le plus novateur que l’on découvre à travers son catalogue.

Ouvrir une fenêtre à ce cinéma contemporain défendu par l’ACID, c’est ouvrir une fenêtre sur un autre cinéma. Celui-ci n’exclut pas le classique. Au contraire, il s’en nourrit et le nourrit en retour. Il élargit le regard.
Retour d’ACID, épisode 2 : Week-end avec Patric Chiha, talentueux cinéaste autrichien qui s’était fait remarquer dès son premier long métrage, Domaine, sélectionné à la Mostra de Venise et placé tout en haut de son Top Ten 2010 par John Waters. Beatrice Dalle, magnifique, y interprétait une mathématicienne mystérieuse entraînant dans son chaos des possibles, un jeune homme de 18 ans. Son film suivant, Boys Like Us, était une comédie initiatique qui, sur le ton de la loufoquerie, amenait trois amis homos à prendre de la hauteur sur les pentes glissantes des Alpes autrichiennes. Son prochain film quant à lui, Brothers of the Night, sur les écrans à partir du 8 février, et qu’il présentera en avant-première au Cratère le jeudi 2 février, est un superbe portrait de jeunes Roms bulgares se prostituant à Vienne. Un film qui louvoie intelligemment entre scènes dramatisées par des décors et une lumière inspirés du Querelle de Fassbinder et les confidences, les liens forts, entre ces jeunes hommes, hétéros, aussi beaux que des raggazi sortis d’un Pasolini. Semi-documentaire, plutôt que docu-fiction, une étrange alchimie qui libère une mélancolie du déracinement social et sexuel. Un film résolument sensible et à part dans sa forme.
Patric Chiha, qui présentera également une carte blanche de quatre films, sera accompagné de Ioanis Nuguet, un de ses parrains au sein de l’ACID, auteur de Spartacus & Cassandra, son premier long métrage repéré à Premiers Plans, festival des premiers films d’Angers. Un conte documentaire qui trace à travers une poésie réaliste le parcours de deux enfants roms en France. Un chemin initiatique qui passera par le trapèze pour un film écrit à hauteur d’enfant.


Brothers of the Night
(Brüder der Nacht)
Patric Chiha
2016. Fr. / Aut. 88 min. Coul. DCP. VOSTF.
Ils sont jeunes. Ils sont beaux. Ils sont roms, d’origine bulgare. Ils sont venus à Vienne gagner de l’argent pour leur famille. Ils vendent leur corps. Un travail comme un autre. Ou presque.

Séance présentée par Patric Chiha

> Jeudi 2 février à 20h30
Cinéma Le Cratère


Rencontre avec Patric Chiha et Ioanis Nuguet

Entrée libre dans la limite des places disponibles

> Vendredi 3 février à 19h


Domaine
Patric Chiha
2010. Fr. / Aut. 110 min. Coul. 35 mm.
Beatrice Dalle, belle, trouble, inquiétante. Elle est mathématicienne. Elle est mathématique. Géométrique. Algébrique. Est-elle abstraite ? Pierre, lycéen, en éprouve le théorème. À eux deux ils reformulent l’équation être étranger au monde.

Séance présentée par Patric Chiha

> Vendredi 3 février à 21h


Le Rayon vert
Éric Rohmer
1986. Fr. 98 min. Coul. DCP.
Un « Comédies et Proverbes » de Rohmer dans lequel la Rivière (Marie, actrice rohmerienne) rejoint l’océan. À la recherche du rayon vert, ce dernier rayon de soleil que l’on ne peut que trouver sur un océan à son coucher et qui, lorsqu’on l’attrape, permet, dit-on, de lire dans ses propres sentiments et dans les sentiments des autres.

Séance présentée par Patric Chiha

> Samedi 4 février à 15h


Les Derniers Jours du disco
(The Last Days of Disco)
Whit Stillman
1998. USA. 112 min. Coul. 35 mm. VOSTF
Comédie sentimentale crépusculaire. Deux jeunes diplômées, Chloë Sevigny et Kate Beckinsale, partagent appartement et soirées disco. On est au début des années 1980. Le disco brille de ses derniers feux alors que les années yuppies frappent à la porte…

Séance présentée par Patric Chiha

> Samedi 4 février à 17h


Spartacus & Cassandra
Ioanis Nuguet
2015. Fr. 80 min. Coul. DCP.
Quand Spartacus, 13 ans, et sa petite sœur, Cassandra, croisent la route de Camille, trapéziste, qui les accueille sous son chapiteau. Une nouvelle route… mais leurs parents, eux, sont toujours dans la rue. Ils sont roms. Quelle route prendre ?

Séance présentée par Ioanis Nuguet

> Samedi 4 février à 19h


Scorpio Rising
Kenneth Anger
1963. USA. 28 min. Coul. 16 mm.
Le film culte de Kenneth Anger. Homo-érotisme, mode cinéma expérimental blasphématoire.

L’Année des 13 lunes
(In einem Jahr mit 13 Monden)
Rainer Werner Fassbinder
1978. RFA. 124 min. Coul. 35 mm. VOSTF.
L’histoire d’Elvira, transsexuel. Pas le plus connu, mais un des plus chocs et forts des films de Fassbinder, qui n’en manque pas. L’amour est une boucherie. La vie est faite de débris et le cinéma est collage.

Film interdit aux moins de 16 ans à sa sortie

Séance présentée par Patric Chiha

> Samedi 4 février à 21h